Quelques réflexions glanées au fil des champs

Publié par Richard CHAMPION

Ôde au travail manuel : et si notre intelligence était entre nos mains ?

Grosse tête au jardin des Halles à Paris

Grosse tête au jardin des Halles à Paris

Voici un texte qui contribue à semer des petites graines de réflexion, en se remettant les idées en place, voilà ce qui explique sa place dans ce blog. Jugez-en par vous-même.

Mon fils sera plombier car je vois trop souvent des parents obstinés à poursuivre du vent, pousser leur rejeton avec sollicitude et des ados qui détestent l'étude, les lettres et les maths, enfin tout sauf le sport, réclamer néanmoins le bachot ou la mort. Un tel acharnement recevra son salaire, ils auront donc leur bac. Que pourront-ils en faire ? L'un sans trop de souci cherchera du travail, un autre le fuira comme un épouvantail. Et le meilleur chercheur se retrouvera tout bête pour n'avoir pas suivi le conseil du poète : "Soyez plutôt maçon pour gagner de l'argent que prof sans poste ou docteur indigent." Si nous observons l'offre ainsi que la demande, faisons dès maintenant une ample propagande pour faire abandonner nos tristes manuels et remettre à l'honneur les métiers manuels. Que leur reproche t-on ?  Ces métiers si rentables ne sont pas après tout les plus désagréables. Il vaut mieux travailler sur des éviers bouchés que de faire la classe à des élèves mal embouchés ! Sans doute, mais plombier ! Est-ce un métier qui brille ? Que diront les voisins ? Que dira la famille ? Nous les laisserons dire. Un jour, ils verront bien qu'un artisan utile et ne manquant de rien vaut mieux qu'un révolté plein d'orgueil et de rage, sans métier, sans argent, sans joie et sans courage. Si l'estime du monde est liée au savoir, rien n'empêche un maçon, un plombier d'en avoir. Alors, l'instruction sera vraiment gratuite. Et mon fils pourra dire en cherchant une fuite : "Ô trop heureux cent fois s'ils savaient leur bonheur, le maçon, le monteur et le plombier zingueur." L'élève ambitieux perdra de sa superbe, quand manier l'outil aussi bien que le verbe deviendra l'idéal du lycéen français, et qu'on ne verra plus le culte du succès. Quel plaisir ce sera d'enseigner et d'apprendre, quand par toute la terre on voudra bien comprendre qu'un grutier peut avoir un esprit élevé et qu'un cultivateur peut être cultivé !!!

Un (professeur) anonyme

Dans cette lettre en réponse à Romain Rolland, Tolstoï explique sa conception des arts et des sciences qu'il oppose à la sagesse du travail manuel et à l'art de vivre dans l'amour de soi et des autres.

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